Mise à jour le 12 juin 2019

L’accessibilité numérique, une obligation citoyenne [Entretien]

Entretien avec Anne Cavalier, référente accessibilité numérique à la DILA
Pôle « intégration html et qualité web » au département de l’infrastructure et des services (DIS).

Qu’est-ce que l’accessibilité web ?

L’accessibilité numérique, c’est la possibilité pour tous (sans distinction de sexe, d’âge, de situation ou de handicap), d’utiliser les outils informatiques, les logiciels ou applications et de consulter les ressources numériques, quelle que soit leur façon d’y accéder.

Pour cela, les outils doivent être pensés et conçus en respectant un certain nombre de principes d’accessibilité. L’accessibilité numérique est un principe élémentaire d’égalité, une obligation citoyenne.

En tant qu’administration, favoriser l’égalité d’accès à l’information et aux services est au cœur de notre mission de service public.

Quels sont les principes fondamentaux de l’accessibilité ?

Il existe un certain nombre d’outils pour faciliter l’accès aux contenus numériques comme le clavier et la souris mais il existe également des technologies d’assistance qui pallient une déficience, comme les lecteurs d’écran (NVDA, VoiceOver ou encore Jaws), les pointeurs du regard ou encore les claviers adaptés (plage braille…).

Cependant, ces outils et technologies ne font pas tout et ne sont efficaces que si les sites web sont nativement bien conçus et respectueux des principes de base de l’accessibilité.

La plupart des problèmes rencontrés sur la majorité des sites concerne souvent des informations données uniquement par l’image ou la couleur, des contrastes insuffisants, une navigation clavier bloquée ou mal ordonnée, une mauvaise hiérarchisation des contenus, des zooms texte impossibles, ou encore des vidéos non sous-titrées.

Un site doit être perceptible (les éléments doivent être distinguables visuellement, les contenus non textuels comme les images ou les vidéos doivent avoir une alternative textuelle), utilisable (le contenu doit être accessible à la fois à la souris et au clavier, l’utilisateur doit pouvoir s’orienter et se situer dans le site), compréhensible (le contenu doit être lisible, prévisible et le système doit aider à corriger les erreurs de saisie) et robuste (le contenu doit être accessible quel que soit l’appareil utilisé et ses évolutions futures).

Et à la DILA, où en êtes-vous ?

A la DILA, nous avons investi ces sujets depuis de nombreuses années. L’accessibilité web fait partie de nos valeurs et de nos engagements quotidiens tant dans la conception que dans l’évolution des sites internet.

Les grands principes de l’accessibilité des sites web sont répertoriés dans des référentiels : le Web Content Accessibility Guidelines (WCAG2 - WAI / W3C) au niveau international et en France le Référentiel général d’accessibilité pour les administrations (RGAA). D’ailleurs, nous avons été intégrés au groupe de travail qui formalise la nouvelle version à venir du RGAA.

Parmi les sites de la DILA, service-public.fr est conforme à 100%, bodacc.fr et dila.premier-ministre.fr sont conformes au RGAA à 89%. Les autres sites (actuellement tous en refonte) affichent une conformité moyenne de 85%.

La DILA a été récompensée pour les résultats obtenus notamment en mars 2018 avec l’obtention du niveau 5 (le plus élevé) du label e-accessible délivré par la DINSIC. Ainsi, service-public.fr est devenu le premier site de service ouvert au grand public à obtenir ce score.

Forts de notre expertise en matière de sites internet publics, l’équipe du pôle « Intégration html et Qualité web » a mis en place la checklist PiDILA, accessible en opensource. Elle permet de veiller au respect des différents référentiels* pour la qualité et l’accessibilité des sites web publics.

L’équipe a également constitué un réservoir de documentation et de code pour modéliser les composants les plus fréquemment utilisés sur les sites web. Ils respectent les exigences énoncées par la checklist et sont disponibles eux aussi en open source sous le nom de Scampi (Système de composants accessibles et modulables du pôle internet).

*Que trouver dans PiDILA ?

La checklist PiDILA, mise à disposition de tous, regroupe les référentiels suivants sous forme d’une liste unique de critères objectivement vérifiables : référentiel général d’accessibilité pour les administrations, charte internet de l’État, critères du Cerfa numérique, éco-conception (Green IT), référentiel de qualité web Opquast Website. À ces référentiels généraux ont été ajoutées quelques bonnes pratiques concernant la consultation de sites web sur les supports mobiles et/ou tactiles.

Les redondances d’un référentiel à l’autre ont été supprimées, des tests unitaires précis ont été créés pour chaque critère de satisfaction. Ils peuvent être triés par thématique, par référentiel ou par métier.

La checklist PiDILA a pour objectif d’accompagner chaque acteur à chaque étape d’un projet web afin de l’aider à respecter les référentiels et bonnes pratiques concernant son métier. Elle est largement utilisée par les administrations voisines dans la conception de leurs nouveaux sites.

Retrouvez toutes les ressources du PiDILA sur pidila.gitlab.io


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